La nuit du 30 avril au 1er Mai a été de temps
immémoriaux et était encore jusqu’à une époque
relativement récente, dans beaucoup de localités,
pour la jeunesse, un temps d’agitation tournée
vers différents objets.
La coutume des Mais remonte-t-elle à nos ancêtres
les Celtes, dont l’année commençait le
1er mai ? Ce qui est sûr, c’est qu’elle
est chez nous fort ancienne. Au XIIIème siècle,
les moines de Vauluisant ayant voulu enlever aux habitants
de Villeneuve-l’Archevêque les droits d’usage
et de pâturage dont ceux-ci jouissaient dans les bois
de Fauconnois, de Chauderon et du Rochoy, les arbitres furent
nommés par les deux parties pour régler l’affaire.
Or, on voit dans la décision des arbitres que, « relativement à la
ramée de mai, les moines désigneraient à la
Communauté de Villeneuve un arpent de bois situé dans
les bois de Fauconnois, du côté des champs de
Villeneuve, lequel serait entouré de fossés.
Les habitants pourraient y prendre, le second dimanche de
mai chaque année, un mai en branches, chacun à sa
volonté, et les religieux observeraient, dans la coupe
de ce bois, de réserver toujours un demi-arpent, de
façon à ce que les habitants puissent y couper
des mais de branchages ».
Une autre sentence arbitrale prononcée en 1308, par
Bernard de Mée, dans une contestation entre l’abbaye
de Sainte-Marie et les habitants de Vincelles, accorde aussi à ces
derniers la faculté de prendre, dans le bois, le 1er
mai, une écorce (eschorpetam), un arbre, et à quiconque
une ramée et une branche.
Peut-être que nos recherches futures nous permettront
de retrouver une trace historique des mais sur Quarré les
Tombes !
Cela consiste donc dans le dépôt, devant les
portes ou aux cheminées des jeunes filles à marier,
d’emblèmes, les uns gracieux, les autres déplaisants.
Les Mais gracieux se composent de bouquets, de branches de
lilas, d’arbres enguirlandés, etc…auxquels
on attache parfois des pâtisseries. Les Mais désobligeants
sont formés d’épines, de branches de
houx, de cadavres d’animaux, etc.. En plusieurs pays,
chaque sorte de Mai a une signification précise.
Jusqu’à une époque encore récente,
la nuit du 1er mai est pour les jeunes gens une occasion
de faire de mauvais tours aux habitants, peu soigneux de
leurs instruments de travail ou de ménage. Tout ce
qui se trouve devant les portes ou dans des cours ouvertes,
charrues, brouettes, chaudrons, casseroles, écuelles,
est enlevé et, tantôt mis en tas sur la place
publique, tantôt placé dans des endroits d’autre
accès difficile, souvent même caché de
telle sorte que les propriétaires des objets mettent
du temps à les retrouver. Les recherches se font,
bien entendu, au milieu des rires et des quolibets des jeunes
gens qui ont opéré la razzia.
Source : Les usages, croyances, traditions,
superstitions de l’Yonne (Charles Moiset 1888)