SUPERSTITIONS
SUPERSTITION DU COUCOU A QUARRÉ
A Quarré les Tombes, le coucou n'est qu'un oiseau
de mauvais augure. Est-on à jeun ou sans argent
dans la poche quand on l'entend pour la première
fois, on sera maladif ou gueux toute l'année.
LA LÉGENDE SUR LES LOUPS
Dans la région de Quarré, on disait que les
Loups-Garous n'avaient rien à craindre des coups
de feu, à moins que, pour rompre le charme, on eût
fait bénir ou mordu la balle que l'on mettait dans
le fusil.
LA CHASSE AU SANGLIER
Toutes les fois que les sangliers apparaissaient, les habitants
des communes voisines se levaient, de leur propre mouvement,
pour courir sus aux audacieux qui ne s'étaient
pas laissés intimider par les fantômes plus
ou moins habillés, tenant les bras étendus,
qu'on dressait comme épouvantails dans les champs
de pommes de terre et de blé noir. Ceux qui avaient
des fusils se présentaient comme chasseurs ; les
autres, armés de bâtons, remplissaient l'office
de traqueurs. On cernait la bête, et quand on parvenait à l'abattre,
on s'en partageait les morceaux, après avoir mis
de côté la hure, pour l'offrir à quelques
personnages importants du pays. Dans l'hiver de 1825,
durant lequel la terre fut très longtemps couverte
de neige, on tua de la sorte vingt-trois sangliers, tant
dans les bois de Quarré les Tombes que dans ceux
de Dun et de Saint Agnan.
LA PÊCHE
La pêche ne paraît pas avoir jamais été l'objet
de coutumes populaires caractéristiques. On ne saurait
même dire si l'on doit étendre à la
pêche dans les cours d'eau du Morvan le genre de
pêche aussi bizarre que destructif dont parle M.
Dupin dans son livre " Le Morvan ". " Les
Morvandiaux, dit l'auteur, ne s'amusent pas à pêcher
au filet, à la nasse ou à la ligne, cela
les ennuierait, mais quand ils veulent du poisson pour
une noce, pour un cadeau, pour une fête, ils prennent
un ou deux muids de chaux vive, la secouent dans un sac
ou dans des paniers, et la détrempent dans le ruisseau
; ils corrompent ainsi l'eau, la rendent inhabitable au
poisson, qui ne tarde pas à venir expirer à la
surface ou sur les bords ; et comme le mal se propage avec
le cours de l'eau, ils font ainsi périr tout ce
qu'elle renferme de poissons , gros et petits, - l'actualité et
l'espérance sur l'espace d'une lieu. C'est ce qu'on
appelle brûler la rivière.
Source : Les usages, croyances, traditions,
superstitions de l’Yonne (Charles Moiset 1888)
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