MEMOIRES VIVANTES DU CANTON DE QUARRE LES TOMBES
  SAINT BRANCHER 
 
 
   

 
Memoires vivantes du canton de Quarre les Tombes

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SAINT BRANCHER

ÉGLISE SAINT PANCRACE DE ST BRANCHER

A sept kilomètres de Quarré les Tombes, non loin de la route de Cussy les Forges, sur une éminence, se trouve Saint-Brancher, petit bourg adossé au bois Clairé. Il forme, avec ses dépendances, une commune de huit cents habitants (Courtépée y comptait, en 1776 ? 80 feux ou trois cent soixante habitants), disséminés sur un territoire de deux mille deux cent deux hectares. Ce bourg se compose de vingt trois habitations éparses. L’école et la mairie occupent un superbe édifice, qui domine par son élévation toute la contrée ; il fut construit en 1844, alors que le gouvernement semblait prendre à tâche de rendre les bâtiments civils supérieures aux édifices religieux.

On a tiré le nom de Saint-Brancher, Branché, ou Branchey, de celui de son patron saint Pancrace. Les registres de catholicité du dix-septième siècle, portent : baptisé ou inhumé dans l’église de Saint-Pancrace, vulgairement Saint-Brancher. Saint Bonnet de Joux en Charolais, possède un hameau de ce nom. On voyait, dans la même contrée, en 1368, ; le village de la Motte-de-saint-Pancrace, dont le patron était saint Brancher. Aux environs du Mont Saint Bernard se trouvait une paroisse de même nom. Autun, avant 1789, possédait une église de Saint-Brancher. C’est à cause de ces homonymes qu’on disait autrefois Saint-Brancher-lès-Avallon, ou en Morvan.

Le portail de l’église, composé d’un petit fronton, haut de trois mètres, qui ne datait que de 1816, et d’une flèche basse et couverte en bardeaux, a été restauré en 1856. Il est surmonté aujourd’hui d’une tour carrée formant narthex à sa base et une flèche avec quatre clochetons, qui attirent l’attention. On a commencé à remplacer les douves et les plafonds de la nef enfoncée dans les terres, par une travée en briques.

Le pignon qui fermait le chœur, ne laissant qu’une ouverture à plein cintre, semblable à une porte cochère, a été, en même temps, démoli grâce au zèle du maire Jean Santigny. Il aura laissé, en mourant, un bon souvenir de son passage aux affaires de la paroisse. On voit toujours dans la nef de très-petites baies, selon le goût des anciens qui voulaient, par là, ajouter au recueillement des fidèles ; d’ailleurs lorsque très peu de personnes savaient lire, à quoi bon des flots de lumière ? Le chœur a une grande fenêtre et une voûte à nervures, mais basse et d’un travail peu délicat.

Une chapelle de la Vierge et une autre de sainte Anne forment le transept : la première est due aux seigneurs de Sully, dont plusieurs reposent dans le chœur de l’église ; la seconde, plus moderne et mieux bâtie, est de l’année 1512. Son fondateur, Jean Arhin, est inhumé devant l’autel, sous une tombe entourée d’une inscription. On voyait aussi son nom et la date de l’édifice sur la bordure coloriée du vitrail (1). Le curé Charles Mathieu a reconstruit la sacristie en 1862.

Cette église, y compris le narthex, compte vingt-sept mètres de longueur, et sept mètres trente-trois centimètres de largeur ; le transsept a vingt-trois mètres de long sur quatre de large ; sa hauteur, sous clef, n’est que de cinq ; elle fut consacrée par Humbert de Bagé, évêque d’Autun, en 1150, comme porte une inscription placée au-dessus du maître-autel. On sait, par tradition, qu’elle a été incendiée et qu’alors la nef était couverte en chaume ; c’est pourquoi on a trouvé, en démolissant l’arcade dont nous avons parlé, des pierres noircies et calcinées.

La collation de ce bénéfice appartenait à l’abbé de Sainte Marguerite, monastère situé aux environs de Beaune (2). Le curé était décimateur, mais il devait, chaque année, en vertu d’une donation faite par Guy Besors de Villarnoult, une rente de blé à l’abbaye de Regny.

Après le patron, un martyr très révéré dans la paroisse est Saint Eutrope, premier évêque de Saintes. Les infidèles lui brisèrent la tête avec une hache. Son chef portant cette marque glorieuse, est conservé dans la cathédrale de la ville. Sa statue, érigée dans l’église de Saint-Brancher, le représente avec un costume d’évêque, tenant d’une main sa crosse et de l’autre une hache, symbole de l’instrument qui lui avait donné la mort. Avant la construction de la chapelle de Sainte-Anne, il avait un autel adossé à l’arcade du chœur (3)

Une fontaine, qu’on voit à fleur de terre, au bord du chemin qui longe l’ouche de la cure, lui est dédiée et était autrefois en grande vénération. Jusque dans ces derniers temps, on y faisait une procession le 30 avril, jour de sa fête, ou le dimanche qui la suit. Après y avoir fait une station, on se rendait à une crois monumentale (4) érigée sur le chemin de Saint-Aubin, d’où l’on revenait à l’église. Pendant la révolution de 89, la statue en bois de Saint Eutrope ut cachée dans cette fontaine, que l’on couvrit de longues pierres. Lorsqu’elle en fut retirée, plusieurs années après, pour être replacée dans l’église, on la trouva dans un état de mutilation, par suite de son séjour dans l’eau.

Cette fontaine jouit d’une certaine célébrité pour guérir les fièvres, c’est pourquoi on boit de son eau, qui emprunte aussi sa vertu à la prière. On y trempa des chemises ; si quelques endroits demeurent secs, le malade ne doit pas mourir, si, au contraire, elles en sortent toutes mouillées, la mort doit s’en suivre. On en dit autant, à Dun, de la fontaine de Saint-Marc.

La paroisse de Saint-Brancher est une de celles où l’esprit religieux s’est le mieux conservé ; peu de fidèles manquent au devoir pascal. Elle doit sa persévérance au zèle des vénérables pasteurs qui s’y sont succédé. Voici leurs noms depuis 1660 :

• Jean SEGAUT, mort en 1660
• François LIVRY, desservant par commission de l’évêque d’Autun, meurt en 1668
• PAULPOIX et Julien PERRENEAU, ses successeurs, exercent le saint ministère en vertu d’une semblable commission, l’un en 1669 et l’autre l’année suivante.
• MOISSON, bachelier en théologie, transféré à la cure de Saint Etienne de Vezelay, meurt en 1671
Son vicaire, Etienne SOLIVEAU, était desservant de la paroisse de Villarnoult.
• Jean MILOT, ou MELO, meurt en 1677
• Jean CORNOTTE, en 1688
• Noël VIEUVILLE en 1698
• Daniel BARDET, curé de Rouvray et MANIN, son vicaire, firent le service de la paroisse pendant l’intérim.
• Antoine-Joseph RACQUIN, docteur en théologie, né à Avallon, en prit possession le 12 juin et la gouverna pendant cinquante et un ans.

En 1727, Pierre BARBE, vicaire de Rouvray, et Georges MOREAU, Chanoine de Cervon, font, pendant quelque temps, le service paroissial. Deux ans après, le curé RACQUIN fait exécuter, à ses frais, un maître-autel avec son rétable, et, pour le Saint-Sacrement, un trône, appelé aujourd’hui exposition, et deux crédences.

Le 15 Novembre 1749, il bénit pour son église une seconde cloche qui fut nommée Antoinette-Marie. Il était assisté de Jean-Baptiste Grognot, curé de Bussières , de Jean-Baptiste Beau, clerc du diocèse d’Auxerre et chapelain de Saint-Joseph, dans l’église de Saint-Lazare d’Avallon, et d’un grand nombre de fidèles accourus à cette cérémonie (5)

Il se plaint amèrement du sieur de Fresne, seigneur de Sully, et de Marguerite de Damas d’Anlezy, dame de Maraut, ainsi que de quelques autres qui avaient refusé d’être parrain et marraine de la cloche pour se soustraire aux largesses qu’imposent ces sortes de cérémonies, ajoutant que le sieur de Fresne, depuis plus de trente ans qu’il habitait le château de Sully, situé sur sa paroisse, n’avait jamais donné à son église la valeur d’une tête de clou ; nous omettons la flétrissure qu’il inflige à l’avarice de ces deux personnages.

C’est ce même seigneur qui, lorsque Jean Rousselot, curé de Saint-Léger, voulut rebâtir, à ses frais, le presbytère, se mit à la tête d’une cabale pour faire de l’opposition et le traduisit devant les tribunaux, où il fut lui-même complètement débouté.

Trois fondations sont venues honorer l’administration du curé Racquin : la première est due à Lazare Sollier, de Villiers-Nonains, qui, en 1719, moyennant cinquante sous de rente, assura, à perpétuité, pour le repos de son âme, une messe basse avec De profundis le jour de saint Lazare, son patron, et un service, avec vigiles et Libera sur sa tombe, le 8 Septembre, date de son inhumation.

La seconde est de Joseph Charier, inhumé dans l’église, le 10 du même mois, il donna quarante sous de rente pour la fondation de quatre messes basses pour le repos de son âme et de celles de son père et de sa mère.

En 1740, Jean Bierry, appartenant à la famille du fondateur de la chapelle de Sainte-Anne, ajouta douze messes à ces legs pieux.

Racquin eut pour successeur Jean-Baptiste Monnot, auquel il résigna le 90 avril 1763, et qui mourut brûlé au château du Vault, le 11 février 1764.

Jean-Baptiste Monnot, neveu du précédent, né à Saulieu, prit possession et mourut la même année , à l’âge de 28 ans. Blaise Bégon, curé de Quarré, assisté de Grognot, curé de Bussières, procéda à son inhumation dans l’église.

Hilaire Robert, natif de Rouvray, passe en Suisse pendant les mauvais jours de la révolution, revient à Saint-Brancher et y meurt le 19 janvier 1802 ? âgé de soixante huit ans

A la suite du concordat entre la France et la cour de Rome, les évêques obligent les desservants à changer fréquemment de paroisse.

Louis-Nicolas Chaussard, né à Avallon, quitte Saint-Brancher en 1812, et passe à Saint-Léger, où il reste six ans, prenant le titre de curé de ces deux paroisses. Après en avoir occupé plusieurs autres, il meurt desservant de Brazey, dans le diocèse de Dijon.

Saint-Brancher reste sept ans sans pasteur, le desservant de Saint-Léger y exerce, de temps à autre, un service de binage.

Charles Vosgien, natif d’Estissac, dans le diocèse de Troyes, en est le recteur jusqu’en 18256, puis passe à Cérizy-les-Grandes-Ormes, et meurt en 1869 desservant de Sceaux , âgé de 77 ans.

Claude Mourey, du diocèse de Besançon, prend la direction de cette paroisse et retourne dans sa famille en 1834.

Claude Comparet, ancien principal au collège de Senlis, né au diocèse d’Autun, après l’avoir gouvernée pendant dix-neuf ans, est, sur sa demand,e transféré à Blacy ; menacé de cécité, il se retire à Avallon en 1864 et, sept ans après, y finit ses jours. Trente prêtres prennent part à ses pompeuses funérailles. Son corps est rapporté à Saint-Brancher.

Auguste Lestre, originaire de Semur, rentra, au bout de quatre ans, dans le diocèse de Dijon.

Charles Mathieu, né à Looze en 1816, termine la série de ces prêtres vénérés. On lui doit deux morceaux de sculpture en pierre blanche d’une finesse d’exécution remarquable (6). Ce sont l’autel de la Vierge avec son rétable, formé d’une niche entre deux colonnes avec une bordure sculptée, ensuite une chaire à prêcher, où l’on voit à la fois les quatre évangélistes, ornant les panneaux, la rampe découpée à jour, t l’abat-voix surmonté de la naissance d’une pyramide. On regrette que ces travaux d’art n’aient pas plus de développement.

Le zèle du curé Mathieu fut couronné d’un plein succès dans la fondation d ‘une école dirigée par trois sœurs de la Providence de Sens, chargées aussi de la visite des malades. Marie-Césarine Petitier, veuve du sieur de Morot de Lautreville, vint à son aide pour couvrir ses premiers frais d’établissement

(1) En 1826, un vitrier, en la réparant, emporta cette bordure qu’il remplaça par du verre blanc.
(2) Une croix de Saint Marguerite, établie à Quarré sur la voie romaine, dans l’endroit où elle est coupée par la route de Saint-Léger, dénote que ce couvent y possédait aussi du bien.
(3) Les saints ou saintes du nom d’Eutrope, révérés dans l’Église, sont au nombre cde cinq, dont deux évêques. Celui qu’on honore à Saint Brancher est le seul qu’on ait martyrisé.
(4) Elle avait sur chaque face six marches en pierre blanche. En la réparant, on vient de les réduire à trois, non compris le socle. Sa tige à quatre mètres d’élévation.
(5) La cloche eut pour parrain Antoine-Joseph HOUDAILLE, âgé de huit ans, fils d’un cultivateur, et pour marraine, Catherine MILLOT, âgée de neuf, fille du chantre de l’église.
Racquin fait connaître, par une note insérée à la fin de l’année 1749, qu’il était chaud partisan du jansénisme. Grognot, curé de Bussières, partageait ses convictions.
(6) Ces deux bas(reliefs sont dus au ciseau de M. Espéron, établi à Avallon, et ont coûté chacun sept cents francs.

Source : Indéterminé





 

 

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