Pierre André MOREAU (dom Bernard)
Né à Poilly sur Serein le 30 Janvier 1816 ;
Décédé le 28 Novembre 1886
Fils de Jean Baptiste, tisserand et vigneron (fils de
Nicolas et de Marie Farcy) et Madeleine Sagourin.
Il entre au Petit Séminaire en octobre 1832, au
Grand Séminaire en 1836. IL est sous-diacre et diacre
en 1839, prêtre le 19 Décembre 1840, nommé curé de
Saint-Cydroine de 1841 à 1844, de Chateauneuf de
1844 à 1849. En 1850, il se décide à rejoindre
le Père Muard, fit avec lui un séjour à l’abbaye
d’Aiguebelle . Au retour, dans l’église
de Saint-Léger-Vauban, il prononce avec le Père
Muard et le Père Préau des vœux de profession
monastique, ayant reçu l’accord de l’archevêque,
et prend le nom de Frère Bernard du Sacré-Coeur.
Il collabore à la fondation et à l’établissement
de La Pierre-qui-Vire, remplace le Père Muard quand
celui-ci va prêcher ici et là. Il prêche
lui-même des missions, des carêmes et dans
toutes sortes de circonstances, jusqu’à sa
mort.
Après le décès du Père Muard,
l’archevêque, Monseigneur Mellon Joly, lui
donne pouvoir de gouverner la communauté, mais ayant
consulté dom Orsise, abbé d’Aiguebelle
et dom de Fazy, il fait procéder à un vote
des profès qui confirme sa décision. Dom
Bernard devient le second prieur de la nouvelle abbaye
(1854) . Avec lui les religieux prennent en chapitre l’engagement
solennel et irrévocable d’observer les Constitutions
du Père Muard. En 1855 ces constitutions sont approuvées
par l’archevêché. Il est soutenu par
les Chastellux, Montalembert, la vicomtesse de Vibraye,
qui écrit à la princesse Borghèse
qui voit le cardinal della Genga, préfet de la Congrégation
des évêques et réguliers, encourage
aussi par les évêques de Nevers, Orléans,
Dijon Dans le même temps, il prêche beaucoup
et en particulier pendant l’avent à Treigny
une mission laborieuse où il doit lutter contre
l’influence janséniste toujours vivante.
Le 7 Mars 1855, l’archevêque bénit
la chapelle extérieure de La Pierre-qui-Vire. En
mars 1856, les Constitutions enfin imprimées sont
envoyées à Rome avec une vie du Père
Muard. En août, Dom Bernard fait ajouter un cinquième
vœu de fidélité et d’obéissance
au Pape. Les rigueurs de la règle présentée
sont telles que l’approbation est refusée, à moins
que ne soient apportés quelques adoucissements.
Il décide d’aller à Rome avec le Père
Augustin et l’abbé Brullée, en octobre
1857,. Il y est reçu par le RP Basile, vice-procureur
des Chartreux, qui lui conseille d’adopter simplement
la règle de Saint Benoit, puis par le Père
Jandel des Dominicains, qui lui recommande de s’adresser à Dom
Casaretto. Il porte alors la coule noire avec une croix
de tissu rouge, cousue sur la poitrine, qu’on va
bientôt lui demander d’enlever.
Pie IX, affligé du malaise où demeurent
depuis quelque temps les bénédictins d’Italie,
avait vu dans le Père Muard le réformateur
dont il avait besoin. A sa mort, il a reporté son
espoir sur le Père Moreau, qui ne veut pas devenir
bénédictin , et finalement désigne
dom Casaretto. C’est pourquoi dom de Flazy lui conseille
de modifier les règles, jusqu’à ce
que le Saint-Siège puisse les accepter, et il le
ferait d’autant mieux si La Pierre qui Vire acceptait
de se rallier à la congrégation du Mont-Cassin,
dans une province spéciale et avec visiteur ayant
autorité de président toujours choisi dans
la province de France.
Tous les conseils convergent vers la même solution,
aussi dom Bernard finit-il par s’incliner, malgré les
questions angoissées de Sens et de la Pierre-qui-Vire
et bien que le résultat soit très différent
de ce que voulait le Père Muard. Il fait un deuxième
voyage à Rome en décembre. Alors, tout en
souffrant du refus romain des Constitutions du fondateur,
les religieux, qui sont maintenant 25, plus 15 novices
et malgré l’énergique opposition de
Bravard alors vicaire général, se résignent à demander
leur affiliation (février 1858).
Une province française est créée,
qui comprendra, outre La Pierre qui Vire, Saint-Benoît-sur-Loire,
Bethisy dans l’Oise et un peu plus tard Belloc (Pyrénées-Atlantiques).
En Calcat (Tarn et Garonne). Dom Casaretto visite le nouveau
monastère. En mars 1859, il est encore à Rome
avec le Père Eugène. Le 12 octobre, il conduit à Bethisy
les pères Benoît, François-Xavier et
Denis. Il fait un quatrième voyage à Rome
en 1862. Le 7 Janvier 1865, il conduit à Saint-Benoît-sur-Loire
le Père Arsène , accompagné d’un
autre père et d’un frère convers. Les
religieux auront la paroisse en charge jusqu’en 1902.
Il séjourne trois mois à Termonde en Belgique,
qui hésite à se joindre au Mont-Cassin. Lors
de son cinquième voyage à Rome (1867), où il
joue un rôle certain dans la réforme de dom
Casaretto, il est nommé visiteur de la province
de France. De retour il nomme le Père Arsène
prieur de La Pierre qui Vire, le Père Benoit, prieur à Béthisy,
le père François-Xavier, supérieur à Saint-Benoît.
Il n’en continue pas moins ses prédications
et ses travaux. L’église, enfin achevée,
est consacrée le 25 Juillet 1871 par l’archevêque
de Sens, entouré de l’évêque
de Troyes, dom Guéranger, abbé de Solesmes,
du Père Édouard, abbé des prémontrés
de Frigolet, des Pères de Pontigny, les Dominicains
de Flavigny et d’une foule considérable.
Le 25 Septembre 1872, il est consacré abbé.
Il fait en 1874 un sixième voyage à Rome
avec monseigneur Nouvel et un dernier en 1877.
Il lui reste à vivre la plus douloureuse épreuve
de toute sa vie. En vertu du décret du 29 Mars 1880,
le préfet de l’Yonne, Maulmont, un serrurier
et un charpentier requis, quatre brigades de gendarmerie
et 15 soldats en armes du 82ème RI d’Auxerre,
mobilisés pour « prêter main-forte » (sic)
viennent expulser les moines. Les portes sont enfoncées,
les cellules crochetées une à une, les religieux
jeunes, vieillards, infirmes sont arrachés de force
et jetés dehors, malgré les énergiques
protestations du prieur, dom Etienne, entouré par
maître Brisson avoué, Jacquinet, huissier,
le comte de Chastellux, Remacle, avocat à Auxerre,
une foule de curée et d’amis.
L’abbé Gilbert Adam, installé dans
la cellule du Père Abbé crie : « Je
suis ici chez moi, il faudra la violence pour m’en
arracher et m’en faire sortir » ;
et, à l’approche du gendarme qui était
fort et de haute taille, il dit « Je suis aumônier
militaire, j’étais à Gravelotte et
j’ai rang de capitaine, j’ai droit à deux
gendarmes ». Il obtient ses deux gendarmes.
Les scellés sont apposés sur l’église
et on laisse comme gardiens le Père abbé,
le Prieur et le Père François-Xavier, en
qualité de propriétaires. Les proscrits sont
recueillis par des amis, avant de prendre le chemin de
l’exil (5 Novembre 1880). Ils sont accueillis en
Angleterre à Buckfast-Abbey (Devon) en ruines, dans
des bâtiments devenus résidence privée
sous Henri VIII d’Angleterre, où il célèbre
une première messe le 21 Novembre 1883, et en Belgique à Kain-la-Tourbe
(/Tournay) et à Heide (/Malines).
Source : Dictionnaire Paul-Camille DUGENNE
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