André DURAND
Avant le 23 Août 1939, date de
la déclaration de guerre entre
la France et l’Allemagne, le trésorier
régional du Parti Communiste était
André DURAND.
« Tous les communistes
locaux n’étaient pas coulés
dans le même moule loin de là.
En dehors des dirigeants de valeur
comme Roulot, Froissart, Fourré,
qui assimilaient la ligne générale
fixée par les hautes instances
pour tenter de la réaliser le
mieux possible dans la pratique, il
y avait les sectaires qui, tranchant
dans leurs idées, se coupaient
des gens et contribuaient à isoler
le parti ; d’autres, taxés
parfois d’opportunistes, avaient
surtout souci de l’efficacité.
Ils savaient se lier au milieu n’hésitant
pas à composer, à se
montrer sous un jour agréable
pour mieux faire accepter ce qu’ils
avaient à proposer. Cela faisait
des organisateurs, de bons administrateurs,
d’excellents maires et conseillers
généraux. Le parti faisait
appel à eux quand ses finances étaient
en détresse – ce qui arrivait
souvent malgré l’apport,
supposé par nos adversaires,
de roubles venant de Moscou.
André DURAND faisait et fait
encore partie de cette catégorie
ainsi qu’Auguste Flamand qui
fut un remarquable conseiller municipal
d’Auxerre et Didelot de la CGT
qui fut directeur de la sécurité sociale.
Instituteur à Auxon, hameau
perdu du Morvan, André Durand
avait provoqué un incident au
dépouillement du scrutin des
législatives qui allaient donner
la victoire au Front Populaire (26
avril 1936). Le président du
bureau de vote avait proclamé les
résultats suivants :
Pierre Etienne Flandin 23 voix – le
socialiste 23 voix – l’Agrarien
1 voix.Q
C’est alors que Durand se leva
pour protester : son bulletin
n’avait pas été comptabilisé puisqu’il
n’avait voté pour aucun
de ces trois candidats – Gros émoi.
On fouille dans l’urne et l’on
découvre effectivement le bulletin
oublié, c’était
un vote communiste, le premier ici.
Un paysan connu pour ses idées
de gauche s’approche alors d’André et
lui dit :
" Fallait me le dire que voterais
ainsi – Tu n’aurais pas été le
seul ! "
Quelques semaines après, ils étaient
tous les deux à Saint Léger
Vauban chez Louis et Maria Valtat où se
forma la première cellule communiste
de la région d’Avallon.
André mobilisé, fit
son devoir comme nous tous. Fait prisonnier,
il porta la bonne parole face à la
propagande Pétain dans le stalag.
Nommé à Épineuil,
près de Tonnerre il fut élu
conseiller général du
canton. Très attaché au
vignoble, il a bien assimilé le
patois coloré des vignerons
d’autrefois. Grâce à ses
qualités humoristiques et à ses
dons littéraires qui s’exprimèrent
dans des chroniques de fond, mais d’une
forme comique, digne de Fernand Clas,
parues dans les différents organes
locaux du PCF, il eut pu faire
un excellent écrivain de terroir.
Il a préféré se
consacrer à la renaissance d’un
vignoble de qualité sur le territoire
de sa commune.
Source : Occupation hitlérienne
et résistance dans l’Yonne
(Robert BAILLY)