L’OCCUPATION hitlérienne et
la RÉSISTANCE dans l’Yonne
Résistance à Quarré
Le premier parachutage d’armes sur le sol français
Le colonel Rémy était favorable au dialogue
entre les FTP et le chef de la France libre qui avait là une
occasion d’unir sous son commandement l’ensemble
des Forces Françaises de l’Intérieur
et les Forces Françaises Libres. Les demandes des
FTP sont formulées par le colonel Drumont :
- obtenir des parachutages pour armes les combattants
FTP,
- étudier les moyens de contrecarrer la Relève
et le STO,
- pouvoir envoyer à Londres un délégué qui
assurera la liaison et pourra s’exprimer à la
BBC.
Rémy essaiera de donner satisfaction au représentant
des FTP. Il promet de fournir une aide financière
régulière pour permettre aux réfractaires
de prendre le maquis. En ce qui concerne la première
demande plus délicate, il obtient de Londres un
parachutage d’armes et d’explosifs sur un terrain
désigné.
A l’annonce de parachutages possibles, le colonel
André (Ouzoulias) décide de faire aménager
un terrain d’atterrissage dans le Bas-Morvan. A cet
effet, il envoie Bob (Albert Gueusquin) dans la région.
Bob prend contact avec les résistants du coin et
il retrouve deux FTP parisiens, Camille (Paul Bernard)
et Grandjean (Jean Longhi) qui s’étaient réfugiés
au Moulin Simonneau près de Saint Léger Vauban
dans l’Yonne. C’est ainsi qu’un terrain
est aménagé dans la Forêt au Duc, région
limitrophe entre l’Yonne et la Nièvre.
D’autres endroits aussi sont prévus et c’est
précisément sur un autre terrain que doit
s’effectuer le parachutage. L’opération
est acceptée mais la pluie empêche le bombardier
qui apporte le matériel de voir la faible signalisation établie à terre.
Il repart donc comme il est venu. La déception est
grande mais Rémy promet au colonel Drumont d’insister
pour qu’on répète sans délai
cette opération sur le nouveau terrain qu’il
vient de lui désigner.
Ce terrain est précisément celui que Bob
a fait préparer près de Quarré les
Tombes.
Le 21 Novembre 1942, la BBC diffuse le message personnel
convenu : « Célestin ira dîner
ce soir chez Maxime ». L’équipe
de réception est là. Elle comprend :
Paul Bernard (Camille), Camille Longhi (Grandjean), le
garde-forestier Cheveau. Antoine Sylvère, dit Toinou
l’exploitant forestier de Quarré les Tombes
et Albert Gueusquin dit Bob le messager venu de Paris pour
convoyer une partie de ces armes et le poste de radio-émetteur
destiné à l’état-major FN-FTP
de Paris. Le parachutage a lieu effectivement dans de bonnes
conditions pendant la nuit du 21 au 22 novembre. L’avion
a pu repérer le terrain balisé et les parachutes
descendent. Pour la première fois des containers
touchent notre sol. Bob peut donc accomplir sa mission.
Le reste du matériel, environ la moitié,
sera stocké chez Toinou. Il sera récupéré par
l’ennemi quelques mois plus tard.
C’est le lendemain 23 novembre que le Comité Militaire
National des FTPF adresse une lettre qu’on peut qualifier
d’historique au général de Gaulle « chef
de la France combattante » pour :
- S’informer sur les buts, l’organisation et
l’action des FTPF et d’en dégager
quelques conclusions.
- En le reconnaissant chef de la France combattante,
se mettre pratiquement sous ses ordres.
- Émettre en contrepartie des demandes qui concernent :
- la nécessité d’obtenir des armes
portatives et le matériel explosif nécessaire
aux opérations
- une aide financière éventuelle permettant
d’amplifier le recrutement.
- un soutien de la BBC qui, en popularisant les actions
des FTP créera une dynamique de la résistance
au sein de la masse des Français.
- obtenir un appel de sa part en direction des officiers
et sous-officiers disponibles pour qu’ils rejoignent
les rangs de la Résistance
La lettre fait référence avec remerciements
aux deux envois de matériel reçus – l’un étant
précisément le parachutage de « La
Forêt au Duc ».
Une des premières conséquences de cette
lettre fut l’envoi d’un représentant
des FTPF ou disons plus clairement du parti communiste
français auprès des services du général
de Gaulle. C’est le 7 ou 8 janvier 1943 que Fernand
Grenier s’embarque avec Rémy pour Londres.
Source : L’occupation hitlérienne et la résistance
dans l’Yonne (Robert BAILLY)
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